Au cours de mes pérégrinations en suivant Marco, nous avons récupéré une Grassette (Pingucila grandiflora) avec l'intention de la travailler en zédification.
Première vue, en utilisant une platine Newport montée sur un Berlebach ministativ (j'adore) et un Sigma 150 macro (pleine ouverture), monté sur un D7100.

A comparer avec un simple shoot à f/14

On note la supériorité du stacking pour le bokeh... par contre, pour cause de vent, l'empilement est tout moisi.

La fleur est assez profonde, avec un éperon nectarifère, forçant les insectes à se poser et procéder à une pollinisation.
Si l'on fait une macro sur la fleur seule, on dépasse le rapport 1 et la profondeur de champ devient dramatiquement insuffisante.

Dès lors, une zédification peut se justifier.
J'ai monté le Sony Nex 5N associé à un tube hélicoïdal et un objectif d'agrandisseur inversé (90 f/4 apo). Ce genre de montage, mais un objectif différent et une plus grande distance de travail.
Pour éviter tout problème de "vent", nous sommes passés dans une véranda et nous avons quand même gardé la lumière ambiante.
La pile a été longue à faire (170 clichés) et au cours de la série, la fleur a pas mal dérivé. Helicon Focus a quand même pu faire l'alignement, mais il a fallu que je croppe pas mal de champ.
Le piqué est remarquable.

La grassette est une plante carnivore. Elle vit dans des milieux pauvres et pour avoir son apport d'azote (indispensable pour fabriquer des acides aminés - protéines), elle piège grâce à ses feuilles gluantes, des petits insectes. La digestion des protéines de l'animal va apporter cette azote qui manque.
J'ai mis un 50 mm d'agrandisseur au bout du tube hélicoïdal, j'ai placé la plante sur un statif de microscope scalpé et j'ai laissé faire Marco.
Débutant, il a eu un peu de mal à couvrir toute la profondeur de champ nécessaire et les pas ont été très irréguliers.

Pour avoir un détail sur les proies, j'ai fait un retour technologique de quelques années... en effet, j'ai ressorti un trépied, un soufflet (Nikon PB-6) et j'ai monté un objectif de microscope "noname" de 10x (voir pages 84 et 95 de mon livre).
Une lampe Jansjö diffusée par un pot de yaourt pour éclairer le tout. Des pas de 10 micromètres. Une pile colossale et au final, un résultat assez sidérant.


(image en taille réelle - ICI - clic droit sur la vignette "afficher l'image")

Nous sommes au rapport 10x, le champ couvert fait donc moins de 2 mm de large.
Le coût de l'installation nécessaire (si je ne compte pas le boîtier) doit avoisiner les 300 euros (le plus cher étant le soufflet... que l'on peut remplacer par un tube en plastique).
Finalement, quand je lis cette critique sur mon bouquin chez Amazon

J'ai un peu les boules... à se demander si cette personne a bien lu le livre (à défaut d'en comprendre le titre... trop long...)
Un MP-E 65, qui ne dépasse par le rapport 5x, ça coûte combien, déjà ?

Ajout ultérieur :
J'avais l'intention d'emmener la plante à la maison pour passer ses feuilles sous mes meilleurs objectifs de zédification, à de forts rapports, histoire de voir un peu mieux les glandes sécrétrices de "colle".
Las, j'ai oublié de l'emporter... par contre, j'ai retrouvé dans ma collection de préparations pour microscope (une véritable collecte en chinant sur ebay... avec plus ou moins de fortune), une coupe transversale de feuille. J'ai donc passé un peu de temps sur mon BH-2.
Voici le résultat.


(pour ceux qui auraient du mal à lire, une version plus grande ICI)

Pour les légendes et pour en savoir plus, je vous invite à consulter cette page.